Dé[ monstr ]ation. V.1. | libre, bien sûr. |

Dans la salle principale, Maxime. A regarder tout ça, tout le monde qui grouille ici entre plats chauds et chopes de bière, entre ceux avec leur rire gras qui commencent à jouir des effluves ethyliques, et il y a ceux qui sont là pour affaire. Il y en a d'autres encore qui se reposent, amis du voyage, bonsoir. Et puis, il y a Maxime. Accoudé à sa table dans une robe de mousseline un peu trop large, souple sur ses hanches fines à vos yeux messieurs, et qui doit bien avoir des années. Un noir qui tourne un peu au gris, de la dentelle abimée. Des bas noirs eux aussi, des chaussures solides mais pas très chères qui font bien l'affaire et de toute façon pour importe l'habit, quand on voit les jolies jambes de la jolie vendeuse d'alumettes, mon dieu croyez-moi le reste s'efface. Et alors qu'il jette des oeillades autour de lui, adossé, l'air nonchalant, au dossier de sa chaise qui grince un peu à vrai dire d'avoir connu tellement d'arrières, sa tasse de vin cuit entre ses mains trop délicates. Avec leur millier de bagues et de bracelets qui s'entrochoquent en un tintouin malicieux, les cuisses croisées sous la table à jouer de son charme innocent. Quand il porte sa pipe fine jusqu'à ses lèvres tendues en cul de poule, ses longs cils pendant sur ses yeux, hm. La peau laiteuse avec de petits grains de beauté comme des tâches de chocolat. C'est un homme qui sait parler à votre appêtit, à votre envie de languir un peu et il attend. Il est là pour ça, de toute façon, on sait ce qu'il fait et il faut bien avouer qu'on le connaît malgré tout. A l'affut d'un potentiel client comme un fauve sur sa proie naïve. Et parfois il envoie un verre à tel ou tel monsieur, avec un petit billet doux et il en faut si peu pour amadouer ses naïves créatures, qu'il laisse le fil de la nuit le porter doucement au gré de l'imprévu. Et il guette, du haut de sa chaise, le poignet en l'air avec au bout la pipe qui fume en un nuage bleuâtre, le type qui est là, à quelques tables de côté, et à qui le serveur vient d'apporter quelque chose. un verre de rhum d'un de ces pays lointains ou il fait toujours beau, avec un petit mot sur un morceau de journal, quelque chose avec écrit du genre "Devine qui je suis." Et si le type prend bien la peine de regarder le monde autour, il tombera sur le regard doucement sombre de notre petite allumeuse qui attend, qui attend et qui espère pour son salaire nocturne.