Perdu...ou pas ?

C'était tout à fait par hasard qu'Hitori était tombé dans ce village...à vrai dire, avec lui, chaque lieu était un hasard. Puisqu'il n'allait nul part. On aurait pu croire qu'il cherchait la nouveauté, des contrées inconnues. Mais le jeune homme s'en moquait bien...ce n'était pas ce qu'il cherchait. Il avait déjà parcourue tant de terres...et il ne s'en souvenait pas plus que ça...Rien ne l'y attachait. Rien ne le forçait à se souvenir de ces lieux.
Il n'y avait qu'un seul endroit dont il se rappelait, celui où il était né ; du moins celui où il se souvenait avoir grandit. Cette grande ville qui avait un palais dans lequel il avait vécu...lui qui avait été si miséreux. Mais à présent, il avait tellement voyagé sans regarder où il mettait les pieds qu'il ne saurait dire où se trouvait cette ville. Néanmoins, cela lui importait peu, il en était content même. Il ne voulait pas y retourner.
Etait-il perdu, alors ? Bah...non, puisqu'il n'allait nul part...et qu'il n'avait pas l'intention de "rentrer".

Il se rappelait tout de même un peu des derniers paysages vus. Mémoire immédiate. Il était arrivé dans un village, nommé Airain d'après la pancarte qu'il avait vu. Mais le nom n'avait aucune importance, il n'était que de passage. Peut être qu'il y reviendrait un jour, mais dans ce cas ce n'aurait pas été dans son intention.
Il se souvenait avoir traversé un quartier riche, très riche, lui rappelant le palais. De grandes maisons, toutes avec de grands jardins, bien organisés, aux haies bien taillées, les murs polis ; des enfants bien habillés jouant joyeusement derrière des femmes outrées en voyant Hitori passer...bref, un quartier bourgeois. Hitori en avait déjà vu. Avant, cela le répugnait, toute cette richesse en contraste avec sa pauvreté. Mais lorsqu'il était entré dans la palais, il s'était fait à vivre décemment...après tout, c'est ce qu'un pauvre désire, on aurait pu dire qu'il avait réussit sa vie.
Mais rien ne se passait comme on le désirait...

Hitori s'arrêta de marcher pour regarder autour de lui.
Le quartier dans lequel il se trouvait maintenant était en grand contraste avec celui qu'il avait traversé précedemment. Tout était bien plus sale, poussièreux. Dans l'autre quartier, il y avait des infrastructures, avec des rues, des routes. Là, que du sable et de la terre, des cailloux...les maisons ne faisaient pas fières allures, petites, entassées, grises, souvent en torchis ou en matériaux de récupération, parfois en brique...
Le rossignol en conclua qu'il était arrivé dans le quartier pauvre.
Il éprouva le besoin de vite quitter cet endroit amenant trop de reminiscences.

Les rues étaient désertes. On était en milieu-fin d'après-midi...les familles étaient aux champs. Hitori voyaient au loin d'innombrables champs, colorant gaiement l'horizon avant de se fondre avec le ciel bleu. Un ciel qui bientôt, deviendrait orange. Alors, ce paysage deviendrait agréable, magique...
Hitori se rappelait qu'il aimait beaucoup voir ça...lorsqu'il était seul, à l'orphelinat, au pied de l'église. Seul...il l'était encore. Une nouvelle fois abandonnée. Ayant perdu cette chose essentielle à son bonheur...il avait tellement hâte de la retrouver. Et tellement peur de ne jamais y arriver.
Mais il n'avait pas la place pour le doute. Déjà la tristesse emplissait tout son être. Le bonheur n'existait plus. Tout ce qu'il pouvait obtenir, c'était une sensation de bien être lorsqu'il chantait. Sa voix si belle, si mélancolique, si triste...

Il commençait à éprouver le désir de chanter. Mais il s'y refusait. Non, pas maintenant. Les paysans allaient bientôt rentrer des champs...Et puis, sa voix portait loin, ils pourraient l'entendre, ne serait-il aussi fort qu'un murmure à leurs oreilles, il ne voulait pas qu'on l'entende.
Seul les oiseaux et les plantes avaient le droit de l'entendre. Car ces créatures souffraient, elles aussi. Pourtant, elles étaient si simple à comprendre...
L'être humain était si compliqué...

Hitori avait arrêté de marcher. Il fixait ce paysage. Quand est-ce que l'atmosphère deviendrait-elle orangée ? Le soleil se couchait peu à peu, mais il n'était pas encore assez bas. Le vent se levait doucement, faisant virevolter les cheveux d'Hitori dans le vent.
Il n'avait pas encore vu d'oiseaux. Ce n'était pas leur de voler...?

Y avait-il un orphelinat dans ce quartier ?
Non...pourquoi pensait-il à cela ? Pourquoi se remémorait-il du passé ? Il s'était promis de ne souffrir que de sa condition, mais plus de son passé. De le voir comme une chose lointaine. Etait-il possible, qu'inconsciemment, ces douloureux souvenirs soient une raison de la tristesse qui emplissait son âme ?
Sûrement...L'être humain était si complexe qu'on ne pouvait jamais le comprendre complètement. Hitori ne pouvait même pas tout comprendre de lui-même. Et sicela aurait été le cas, est-ce que ça l'aurait aidé ?
Sûrement pas...Le rossignol n'en était pas convaincu.

Immobile, ses yeux se fermèrent doucement. Il écoutait le vent se lever...lui murmurer à l'oreille des chants transmits par les feuilles des arbres. Ils étaient si faibles. Ils ne devaient pas être nombreux...Il y avait plus de champs que d'arbres dans les environs.
Mais ses familles n'avaient que ça pour vivre...
Ils ne pensaient pas aux oiseaux ?

Le jeune homme rouvrit les yeux. C'était pour ça qu'il n'en avait pas vu. Il n'avait croisé qu'un seul arbre dans ce quartier ? Il devait en avoir un deuxième...pas très loin, cependant Hitori ne l'apercevait pas.
Ce lieu commençait à lui donner des frissons. Il était trop désert, trop froid, et remémorait trop de choses.
Son regard dur était devenu triste. Il n'arrivait pas à défaire cette expression.
Il ne pouvait écarter toutes ces images de lui...seul...rejeté pour ces yeux rouges brûlants comme le feu...rejeté car il n'avait pas de parent. Rejeté par jalousie, pour sa voix.

Personne n'avait cherché à le comprendre...? Alors que lui...ne pensait qu'au bien des autres...il avait accepté sa condition, ce qui l'avait obligé à s'accrocher à deux choses. Deux petites choses étant le fondement de sa vie.
Et il en avait perdu une. Il n'était plus lui même. Il devait cherché. Même s'il avait conscience que c'était par obsession, il continuait...car il n'avait que ça à présent. Il ne pouvait que chercher. Il ne pouvait vivre que sur un de ses deux piliers de sa vie...

Finalement...était-il perdu avec lui même ?

[Premier Post]

Flagg était repartit en voyage trois mois plus tôt. Encore une fois, il avait réussi à s'attirer des ennuis à Delain et, alors que ça commençait à devenir dangereux pour sa tête, il avait disparu, sans laisser le moindre grain de sable empoisonné.

Flagg était comme ça. Il apparaissait, il brisait les liens des personnes autours de lui, éliminait ceux qui le gênaient puis il instaurait une monarchie tyrannique dont il tirait les ficelles dans l'ombre.

Toujours dans l'ombre, en tant que conseiller. Oui, la couronne ne l'intéressait pas, les têtes des rois se retrouvaient bien trop vite accrochées sur des flèches aux remparts du château dès que le peuple était en colère. En revanche…les conseillers sont des hommes de l'ombre…ces gens là s'évanouissent au petit matin avant que la guillotine ne leur tranche le cou.
Flagg était une véritable maladie, une fièvre qui ne demandait qu'à brûler le front d'un innocent. Il dissimulait ses actions sous son chapeau et s'évanouissait dès qu'on commençait à lui montrer de la résistance.

Il finissait par revenir, persistant comme une mauvaise herbe. Il réapparaissait alors que les choses s'étaient tassées, quand la fièvre était tombée, quand on avait reconstruit quelque chose qu'il vaudrait la peine de détruire.

A Delain, pour l'instant c'était un parfait chaos, il y reviendrait dans une centaine d'année sinon plus.

Finalement il avait choisi pour nouvelle destination, Zauberbuch qui à cette époque était florissante et renaissante. Il connaissait très mal cette contrée, mais Flagg écoutait les ragots, et à dire vrai, ce pays était souvent mentionné ces derniers temps.
Flagg en frétillait d'avance. Et c'est ainsi qu'il se mit en route avec pour seule documentation un joli plan du royaume.

Il n'avait encore aucune indication sur le peuple de ce beau Pays et avait donc décidé de faire une halte dans un grand village où il pourrait écouter les ragots et trouver une nouvelle victime. Il prit donc la destination du Fief d'Argent. Il voyageait de nuit, toujours, c'était ainsi qu'il apparaissait au petit matin, au village d'Airain. Pourquoi avoir choisi ce village ? Par ce que c'était le plus gros que l'on trouvait dans le Fief d'argent, selon sa carte.

Il avait passé la matinée à écouter les ragots, mais n'avait rien entendu de bien intéressant, visiblement tout le monde, même les pauvres se plaisaient dans ce petit village tranquille.
Il avait bien choisi, ici il y avait un équilibre solide à détruire. C'était la cible parfaite.
Les quartiers pauvres sont en général les plus bavards quand il s'agit de se plaindre, c'est pourquoi il était apparu dans ces quartiers. Finalement, en fin d'après midi il sorti de sa taverne pour se diriger vers les quartiers les plus riches afin de trouver une victime.

Les rues étaient désertes à cette heure, les paysans devaient être au travail en ce moment. Tant mieux, il saurait être discret dans ce cas, valait mieux pas attirer l'attention sur lui dès son arrivée.

Mais alors qu'il remontait la voie de terre battue qui menait au centre du village, il le vit.
Il était de taille moyenne mais il avait l'air réellement fragile. Lorsqu'il croisa son regard rouge, il eu une véritable révélation. Il avait déjà vu ce garçon quelque part, il ne saurait dire où, mais il l'avait déjà vu. Et, il avait le pressentiment que d'avoir ce garçon à ses côtés l'aiderais à prendre le pouvoir. Il avait l'air si fragile, et son regard était si triste…Il suffirait de si peu pour le rallier à sa cause…du moins, il en était persuadé.

Il s'en approcha, faisant un grand sourire et ôta son chapeau pour paraître aimable et galant et s'inclina devant le jeune homme, puis se releva et demanda d'une voix chaleureuse et douce.

"Bonsoir, excusez moi si je vous dérange…Vous êtes d'Airain ?"

[DSL pour le retard Hitori, mais avec un poste si magnifique, fallait bien que je fasse quelques efforts (je suis novice en rpg ^^") même si là encore je trouve que mon poste n'est pas à la hauteur. Je ne pourrais pas poster ni cet après midi, ni ce soir, j'ai un concert :/ mais ne pense pas que je t'abandonne, je te dis au pire à demain. ^_^]

[Ton post est très bien tu sais ! ^.^ ne t'inquiètes pas je ne suis pas pressée pour le rp, je suis moi même occupé et il me faut du temps pour écrire 50/60 lignes, ça fait 30 minutes par post et je suis sur je ne sais combien de forum RPG..! xD]

Le jeune homme avait instinctivement reculé. Il n'avait pas vu l'homme venir et fut très surpris. Aussi, il manqua de trébucher en arrière, puis son teint devint légèrement rouge, honteux d'avoir faillit tomber par terre face à un étranger. Il prenait un regard dur, hostile. Une habitude, une protection inconsciente envers lui-même.
Pourquoi cet homme était venu lui parler ? Il n'avait rien demandé. Pourquoi les gens aimaient-ils venir le voir ? Ses yeux ? Il n'était pas une bête curieuse...bien qu'il est des yeux rouges et une voix extraordinaire.

La voix de cette étranger était douce, chaleureuse. Celle d'Hitori était douce, très douce, mais on y ressentait de la tristesse derrière la dureté qu'il y faisait entendre. Ses sentiments avaient toujours imprimés sa voix, que ce soit pour parler ou pour chanter.
Comme pour combler le silence, le vent se leva et souffla assez fort. Les cheveux bruns du jeune homme filait au rythme du souffle ventée ; il tenait une de ses mèches de sa main droite, sans détacher son regard de feu de l'inconnu. Puis le vent se calma, il baissa son intensité petit à petit, puis il finit par se taire.
Par reflexe, comme un tic, Hitori passa sa main dans ses cheveux, au cas où il serait trop décoiffé, il n'aimait pas avoir les cheveux emmêlés, surtout qu'ils étaient détachés et longs jusqu'à ses épaules. Le jeune homme les remit alors à leur place, en arrière, sauf deux petites mèches entubées par du tissus de chaque côté de son visage.

Ses mains se rangèrent le long de son corps.
Il continuait de dévisager cet homme, qu'il ne connaissait pas, qu'il ne voulait pas spécialement connaître.
Et enfin, il lui répondit. De sa voix douce et triste, une tristesse froide et une douceur chaude, tout un paradoxe presque mélancolique, apaisant, et pourtant amenant à la curiosité.

"Je ne viens de nul part..."

Non, il ne venait de nul part. Etait-il perdu ? Non, puisqu'il n'était de nul part, et n'allait nul part. Il n'était pas perdu, sauf peut être avec lui même. Il ne savait pas où il allait et ne cherchait pas à retourner d'où il était.
Il préférait considérer qu'il ne venait de nul part.
Comme ça, il n'avait pas de souvenir.
Il se mentait à lui-même. Il le savait. Mais c'était si facile. C'était si simple. Pourtant, il avait du mal. Non, il ne pouvait pas se mentir. Se mentir c'était fuir. Il avait déjà trop fuit. Maintenant il devait chercher. Et surtout trouver.
Trouver ce qu'il avait perdu. Le plus vite possible.
Il voulait devenir heureux le plus vite possible. Pourvoir sourire. Pouvoir chanter le bonheur.

En temps normal, Hitori s'en serait arrêté là et aurait pivoté sur ses talons, pour partir. Il n'aurait pas su où, comme à son habitude, mais il serait partit. Il ne voulait pas parler. Il voulait chanter. Mais il ne le pouvait s'il y avait quelqu'un, il n'aimait pas ça.
Cependant, cette fois là, il resterait. Parce qu'il y avait ce paysage. Ce soleil qui allait se coucher. Ces champs, colorés, au loin. Et ce ciel. Peut être y verait-il des oiseaux.
Il voulait qu'une lumière orangée baigner le quartier. Il trouvait ça si beau.
Mais s'il voyait ce paysage, ne souffrirait-il pas ? Voir ce paysage sans chanter ? Non...ce n'était pas la bonne question...Il devait plutôt de demander...pouvait-il encore souffrir ? Plus que ce n'était déjà le cas ?

Hitori réussit à reprendre son expression blasée. Il trouvait honteux d'avoir un air triste devant des inconnus.
Ha...comme s'il connaissait réellement quelqu'un.
Pourtant, ce regard triste venait comme il partait. Le jeune homme ne le sentait pas toujours venir. Mais à présent, il ne pensait plus à son passé, à son enfance orpheline, à la persécution qu'il avait subite.
Il penait à cet étranger, en face de lui, venant de s'intégrer au paysage auquel il faisait face.

Hitori lui aurait bien posé des questions. Qui était-il ? Pourquoi était-il là ? Pourquoi lui avait-il demandé s'il était d'Airain ?
Mais sa voix ne s'éleverait pas pour poser des questions.
Il ne posait jamais de questions aux gens qu'il ne connaissait pas.
Mais encore une fois, il ne connaissait plus personne. N'allait-il donc plus jamais poser de questions ?
Ha...il le faisait, parfois. A des inconnus. Il en avait l'envie. C'était lorsqu'il était troublé, ou lorsqu'il venait de chanter. Mais là ce n'était pas le cas.
Alors il se taisait.

Mais il ne voulait pas partir. Il voulait voir ce paysage dans l'atmosphère crépusculaire. Pour lui rappeler la seule chose qu'il aimait, enfant. Pour lui remémorer que les choses les plus belles pouvaient être les plus simples.
Pour lui donner une raison de chanter, pour graver en lui une image qui donnerait, peut être un jour, sujet à l'un de ses chants.
Le crépuscule était si triste. On avait l'impression que tout allait disparaître, comme si tout brûlait, se détruisait, mais sous une lumière douce. Et le soleil s'en allait pour ne pas revenir avant longtemps. Et s'il ne revenait plus jamais ?
Ainsi, la nuit ne pouvait-elle pas être synonyme d'angoisse ?

Mais l'angoisse n'existait plus chez Hitori. La peur non plus. Sauf celle de ne pas retrouver ce qu'il cherchait.
Oh, il pouvait encore avoir peur, bien sûr, sur le coup d'un évènement. On est jamais à l'abri d'une frayeur.
Mais il ne pouvait prévoir de quoi il aurait peur. De cet inconnu, en face de lui ?
Qui lui avait posé une question sans même se présenter ?
Bah...l'avantage, c'était que comme ça, Hitori n'aurait pas à donner le sien. Enfin, il le pensait.

Et il dévisageait cet homme, d'un regard hostile et d'un rouge flamboyant, une hostilité contraire à son apparence frêle, à son mode de pensée, sa gentillesse.
Il attendait.