Il était une nuit...
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 L'hiver vient

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Melancthe
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MessageSujet: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyMer 14 Nov - 23:04

Dans la clarté incolore qui précédait l'aube, une silhouette pâle courait entre les troncs sombres et dénudés, presque sans un bruit sur l'épais tapis de feuilles mortes dont les vives couleurs automnales viraient au brun et noir. L'hiver vient, proclamaient elles, comme la froidure un peu hors de saison, comme les lacs de brume gelée dans les creux et sur les ruisseaux, que le jour qui s'annonçait pourtant radieux peinerait un moment à dissiper.

Et Mélancthe se retrouvait seul pour la seconde fois de son existence. Pas que la solitude lui soit pesante, non plus que les rigueurs de l'hiver en elles-mêmes, mais cela signifiait moins de confort, moins de délicieux nectar pour le seul effort d'entraîner quelqu'un un peu à l'écart...

En quelques heures, l'armée fantoche et l'ambition de son sauveur et allié s'étaient brisés sur les défenses du château de sa marâtre.
Le jeune et mince prince à la peau de neige, à peu près inutile dans un combat pour autant qu'on sache, ne s'était pas trouvé sur les lieux. Mais il supposait que ses soit-disant partisans avaient été si violemment éparpillés et désorganisés que nul fuyard n'était venu prévenir de la défaite le petit groupe resté en arrière en sa compagnie. Aucun avertissement, avant les propres sbires de la reine-garce sur l'horizon.
Et il avait perdu de l'avance encore quand certains des soudards ou ex-brigands qui l'accompagnaient avaient songé à monnayer leur vie sauve en échange de la sienne. N'aurait peut-être même pas pu fuir si l'un d'entre eux assujeti par quelques caresses et morsures dans les jours et semaines précédentes, n'avait réussi à leur forcer le passage vers leurs montures.

Ils avaient chevauché plusieurs heures dans l'obscurité, le jeune prince profitant de sa meilleure vue pour prendre la tête et les guider non pas vers la frontière la plus proche avec le royaume voisin comme le soldat avait pensé, mais vers l'orée de la grand forêt. Quand il s'en était aperçu, pas même l'emprise non négligeable du plus jeune sur l'autre n'avait pu le convaincre de s'avancer plus avant vers le coeur des bois à seulement deux voyageurs, et leurs routes avaient fini par se séparer.
L'autre fuyard serait sans doute mort avant la fin du jour. Non que Mélancthe s'en émeuve. Parti avec les deux chevaux, il ferait sans doute une bonne diversion. Peut-être assez longtemps pour que ses traces disparaissent d'ici que ses poursuivants apprennent où les chercher et s'ils n'en avaient pas avec eux trouvent d'assez bon pisteurs pour le suivre sans chien, puisqu'aucun chien ordinaire ne supporterait de flairer sa trace. Assez longtemps pour qu'il s'enfonce de nouveau dans la forêt qui l'avait abrité tant d'années.

L'un de ses mains se porta au côté gauche de son torse, tâtant la légère dépression sensible même sous les épais vêtements en un geste absent, presque instinctif. Même s'il ne savait encore où ses pas le porteraient, ni s'il était réellement libre de trop s'éloigner faute d'avoir de nouveau son coeur, il ne comptait pas retourner chez les nains. Ce serait sans doute une des premières destinations de ceux qui le cherchaient une fois les autres pistes perdues, et les quelques semaines passées hors des bois avaient attisé son désir d'autres horizons.

Mais il y réfléchirait... plus tard... Avec la clarté dorée qui commençait à baigner le sous-bois la venue de son habituelle torpeur diurne se faisait sentir, alourdissant ses membres, ses pas et ses paupières. Il pouvait la tenir à distance quelques temps à force de volonté, mais la vaincre, jamais.
Si ses poursuivants ne le trouvaient pas, cette partie du bois était, pour lui, relativement sûre. Assez reculée pour être peuplée de créature sauvages que la plupart des hommes préfèraient éviter de croiser et qui l'évitaient instinctivement, lui. Encore assez loin du vrai coeur de la forêt cependant pour que Mélancthe craigne trop d'y rencontrer d'autres créatures plus fabuleuses et dangereuses, qu'il n'effrayait que peu ou pas du tout.
Même s'il doutait que les prédateurs naturels ou la simple rumeur de choses plus étranges suffisent à faire reculer un groupe aussi déterminé que celui qu'il avait vu lancé à ses trousses. A leur tête, le même officier maintenant grisonnant qui plus de douze ans plus tôt lui avait ravagé le flanc, et ne pouvait qu'en tirer la certitude la plus complète qu'ainsi que l'avait affirmé la Reine le Prince n'avait rien d'un être naturel.
Son principal espoir, assez substanciel tout de même, était qu'ils perdent suffisamment de temps pour ne pas le retrouver avant la tombée de la nuit.

S'étendre.. se reposer... Son regard devenue légèrement plus flou dans la luminosité croissante avisa ce qui semblait être une souche creuse assez grande et biscornue pour peut-être l'accueuillir et le dissimuler.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyDim 18 Nov - 1:23

<= Le Château de Nacre

--

{Comme ce n'est vraiment pas rigolo de jouer seul, je viens pointer mon nez ! Pardonne-moi si mon style de jeu est un peu brouillon parfois, mais ça faisait longtemps que je n'avais pas jouer, et puis n'ayant pas moi-même l'esprit très clair et logique, le texte suit ... Mais j'essaie de m'améliorer !
A part ça, je ne connais pas la distance qui est censée séparer le Château de Nacre des Mille Forêts ... J'ai supposé que mon personnage était venu à pieds et que ça lui avait pris quelques heures. S'il faut compter plus de temps (plusieurs jours par exemple), je modifierai immédiatement ! J'ai aussi pris la liberté de décrire une partie du château, tout comme j'avais décrit la 'chambre dorée' - j'espère que ce n'est pas trop dérangeant.}


--

Perdu - il était complètement perdu dans cette enchevêtrement sans fin de branches et de ronces, de buissons et de feuilles mortes. Il lui semblait être revenu plusieurs heures plus tôt, lorsqu'après avoir enfin trouvé la sortie du château il avait été pris dans un véritable dédale de rosiers aux épines plus acérées que la meilleure lame. En partie protégé par les nombreux et larges plis de sa robe et de son manteau, il n'avait cependant pas pu empêcher les piquant végétaux de blesser son visage et ses avant-bras, en conséquence de quoi ses joues et son front portaient de longs traits ensanglantés bien que peu profonds.

Il se demandait quelle allure il pouvait bien avoir vu l'état lamentable dans lequel il se trouvait, quoiqu'il n'eut pas à s'inquiéter de l'image qu'il donnait : il n'avait jusqu'alors pas croisé âme qui vive, et tous les lieux qu'il avait approchés lui avaient paru désertés.

Après avoir quitté la chambre dans laquelle il s'était éveillé, il avait erré un long moment dans les couloirs sombres et sans fin du château avant d'apercevoir enfin une légère lumière. Celle-ci l'avait mené à un large escalier tournant qui semblait descendre sous terre tant était grande la distance avec le bas. Il l'avait emprunté et avait descendu un nombre impressionant de marches qu'il s'était arrêté de compter une fois les deux cent dépassés. Chaque palier auquel s'arrêtait l'escalier menait à de nouveaux couloirs tout aussi sombres que celui du plus haut étage, et il avait préféré ne pas s'y aventurer.

Arrivé enfin en bas, il était tombé sur une très large pièce qui lui était apparue pourtant entièrement vide. Mais malgrè ce fait, il avait eu la très nette impression de sentir de nombreuses présences. Cette sensation l'avait pour le moins effrayé, et il s'était hâté de sortir par une petite porte dérobée située à sa droite. Il avait traversé de nombreuses pièces, salons, cuisines, mais ces présences le suivaient partout. Se sentant opprimé, il avait fini par se mettre à courir, relevant avec difficulté les lourds replis de ses vêtements.

Enfin, il avait abouti à une sortie, ou du moins une porte le menant hors de quatre murs. Il s'était ainsi retrouvé dans un vaste jardin. Mais loin d'être un agréable coin de verdure bien entretenu, il n'était qu'un amas de branches et ronces entremêlées, parcourues de lierre et de mauvaises herbes. Ayant aperçu plus loin de larges grilles qui devaient marquer la fin du domaine, il avait tenté de les rejoindre. Sa longue robe s'était alors prise de toutes parts aux doigts crochus des végétaux et il avait du batailler pour atteindre enfin la sortie, chaque pas lui apportant de nouvelles griffures.

Après ça son esprit n'avait plus été très clair, comme si aux épines des rosiers avait perlé quelque poison capable de l'embrumer plus encore qu'il ne l'était déjà. Il avait marché longtemps, traversé des plaines, gravi des collines - il ne se rappelait plus. Il lui avait semblé être retourné au sommeil, ou même ne l'avoir jamais quitté ; quand il revenait à lui il ne parvenait plus à discerner ce qui était le rêve et ce qui ne l'était pas, et il s'arrêtait alors, perdu, n'osant réfléchir à la signification de tout ceci mais ne supportant pas non plus de ne pas savoir. Lassé, il décidait de ne simplement pas penser, et reprenait sa route l'esprit vide.

Lorsqu'il était arrivé au devant de cette forêt, il n'avait pas même hésité et avait plongé directement à l'ombre des grands arbres. Ce n'est qu'après un moment, une fois qu'il se fut tant enfoncé qu'il lui était devenu impossible de retrouver son chemin, qu'il réalisa qu'il n'aurait peut-être pas du courir ainsi à sa perte.

Et le voilà qui errait entre les troncs, soulevant avec peine les lourds tissus qui le recouvraient, maudissant chaque brindille à défaut d'avoir quelqu'un d'autre à accuser de tous les malheurs qui lui tombaient dessus. Le froid, qu'il était pourtant parvenu à oublier en partie jusque là, se fit à nouveau sentir, plus mordant que jamais maintenant qu'il se trouvait à l'ombre des rameaux. Il se mit à grelotter, et avec cette sensation lui arrivèrent toutes les autres : ses pieds étaient trempés par la rosée et les flaques qui n'avaient pas eu grand mal à traverser le tissu trop perméable de ses chaussons ; les griffures sur ses joues et ses bras, ravivées par le froid et le vent insidieusement arrivé soufflant entre les feuillages, commençaient à le brûler et le démanger ; enfin, la faim et la fatigue causées par sa longue marche se manifestaient de manière plutôt désagréable.

Résolu à ne plus faire un pas de plus, il tomba assis sur le tapis de feuilles mortes, dont l'humidité parvenait à percer même à travers l'épaisseur pourtant non négligeable de son jupon. Il ne s'en soucia cependant guère - au point où il en était, un inconfort de plus ne changeait pas grand chose. Mais alors qu'il se trouvait là, immobile sous les branchages, le silence lui parut disproportionné. Depuis quand n'avait-il plus entendu une voix humaine ? Pendant combien de temps était-il resté dans cette froide absence du moindre son qu'était le sommeil ? Ce silence l'étouffait. Il suffoquait - quelqu'un, que quelqu'un vienne, que quelqu'un parle !

Mais personne ne venait. Constatant sa solitude, il n'eut d'autre solution pour rompre ce silence que de parler lui-même. Il toussota d'abord, sa gorge lui semblant plus enrouée qu'elle ne l'avait jamais été ; puis, prenant une brève inspiration, il tenta de parler. Mais ce ne fut qu'un vague gémissement qui franchit ses lèvres. Il retenta plusieurs fois, sans grand succès. Mais à mesure que sa voix, se réhabituant peu à peu à émettre des sons, devenait plus claire, il constata qu'elle était devenue extrêmement fluette.

Il avait oublié ! Son apparence, cette horreur androgyne, ses cheveux - cette robe. De nouveaux l'incompréhension le submergea et, à la fois en proie à une fureur monstre et une angoisse irraisonnée, il tenta de se lever et de partir mais, trébuchant dans ses jupons, il s'étala de tout son long. Un peu sonné, il redressa la tête en proférant quelques jurons, avant de s'arrêter net.

Là. Devant lui.

Une main.

Une main d'une pâleur extrême, si extrême qu'il crut tout d'abord qu'elle appartenait à un cadavre ; effrayé, il fit un bond en arrière en poussant un cri. Observant plus attentivement la main en question, il constata qu'elle dépassait très légèrement d'une large souche : à l'évidence, son propriétaire y était installé, ayant sans doute trouvé là une cachette fort appropriée au milieu d'une telle forêt - s'il n'avait pas eu par hasard le nez dessus, jamais il n'aurait remarqué cette main.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyLun 19 Nov - 2:50

Le crépuscule ne devait plus être trop loin, mais n'était pas encore tombé quand Mélancthe rouvrit les yeux, avec quelques difficultés mais éperonné par son sens du danger. Des voix... l'avait-on trouvé ? Non, une voix... plus plaintive que menaçante, puis des jurons et achevant tout à fait de le réveiller, une chute et un grand cri...
Et un doux arôme de sang, légèrement plus vivace qu'il ne l'était généralement en la simple présence d'un humain non loin. La personne -la voix seule ne le renseignait pas sur son sexe- était peut-être blessée, ou était-ce sa faim qui se faisait déjà sentir, bien mal préparée à la modération par l'abondance des mois précedents ?

La silhouette drapée de laines et de fourrures s'étira, se redressa langoureusement à l'intérieur de la souche tapissée de mousse et de feuilles sèches, soustrayant sans s'en rendre compte sa main à l'observation de Samahin, puis se hasarda a jeter un oeil au dehors voir qui était là. Trouvant braqué sur elle le regard de l'intrus, ou l'intruse.
D'une beauté rivalisant avec la sienne, ce qui n'était pas nécessairement pour le ravir mais était un fait suffisamment rare pour être noté. Plus étrangement encore, portant des robes telles qu'il n'en avait jamais vu ailleurs que sur les tableaux de femmes mortes depuis plusieurs siècles, au palais du roi son père quand il était bien plus jeune.

Petite consolation pour le réveil un peu précipité, il ou elle, il supposa que ce devait être elle à la vue des robes, ne ressemblait guère à un de ses poursuivants.
Mélancthe se retrouva à suivre avec insistance les zébrures qui ornaient les joues délicates de son vis-à-vis, avant de se reprendre. Trempé et griffé, ça ressemblait surtout à quelqu'un de complètement perdu et tenant à peine sur ses jambes.
Bien meilleure consolation, c'était là une proie potentielle des plus idéales et alléchantes, en somme, mais le jour pesait encore assez sur ses membres pour qu'il ne prenne pas le risque de la perdre bêtement, parce qu'elle serait allée se jeter en courant dans la gueule d'un autre loup.

- Bonjour demoiselle, puis-je quelque chose pour vous ?

Prononcèrent donc les lèvres vermeilles. Comme si c'était la chose la plus naturelle du monde de se faire réveiller au creux d'une souche dans les bois après y avoir dormi tout le jour. Comme si la galanterie la plus courtisane avait cours au fond des bois les plus sauvages de ces contrées.
Même si, en y repensant, les jurons entendus un peu plus tôt avaient plus leur place dans la bouche d'un charretier que d'une personne bien née... La jolie demoiselle avait du piller les greniers de quelque vieille et riche demeure...
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyMar 20 Nov - 1:40

De longs et lisses cheveux d'un noir d'ébène encadrant une peau pâle, plus blanche que neige, sur laquelle contrastaient des lèvres couleur du sang, comme les pétales écarlates de la rose la plus rouge déposés sur une poudreuse légère. Un être magnifique, se détachant tellement des bois l'entourant et semblant pourtant y être à sa place ; et la langueur particulière avec laquelle il se mouvait l'auréolait plus encore d'une atmosphère étrange, presque surnaturelle. Mais outre la fascination que pouvait exercer ce spectacle sur son esprit embrouillé, Samahin ne pouvait s'empêcher de ressentir une gêne, un malaise - une crainte peut-être. Et le regard appuyé de l'être sur ses joues griffées, quoiqu'en apparence anodin, ne devait pas être complètement étranger à cette sensation.

Une chose cependant le rassurait : le premier être humain qu'il rencontrait n'était pas, comme il l'avait cru au premier abord, un cadavre. Il avait d'ailleurs était aussi surpris que terrifié lorsque la silhouette encore invisible s'était mue à l'intérieur de sa cachette, comme ressuscitant soudain d'un état froid et sans vie. A travers les quelques brouissailles, il n'avait alors aperçu que l'éclair vif d'un regard, et sa couleur pour le moins particulière ainsi que l'éclat sauvage qui y brillait lui avaient tout d'abord fait croire à quelque bête ; il n'avait alors pu que tenter de reculer en battant des pieds sur le sol humide, glapissant comme un petit animal pris au piège et équarquillant plus encore de grands yeux effrayés. Réalisant par la suite qu'il ne s'agissait que d'un être humain ordinaire - si du moins "ordinaire" convenait vraiment à l'étrange apparition -, il s'était calmé et n'avait gardé qu'un visage décomposé pour tout signe de ces débordements.

En outre, l'homme faisait preuve de courtoisie, et quoique la situation puisse sembler singulière d'un point de vue extérieur, Samahin, n'étant pas habitué à tant d'égards, en fut touché. Une chose cependant passa moins bien : il avait beau savoir et avoir parfaitement conscience qu'en ce moment il ressemblait plus à une quelconque jouvencelle qu'au jeune homme qu'il était, se l'entendre dire demeurait néanmoins relativement désagréable et frustrant. Il ne se retint donc pas de grimacer ouvertement en s'entendant nommer "demoiselle", ce qui l'aida d'ailleurs grandement à revenir un minimum à la réalité - quoique "réalité" lui semblât fort ironique à utiliser, puisqu'il était à présent à peu près certain d'être en train de rêver.

"Demoiseau, hein ! Demoiseau, plutôt !"

L'apparence ne faisant pas tout, Samahin pouvait avoir gagné de beaux habits, il n'en avait pas pour autant acquis le langage châtié et correct des personnes de bonne famille - et cela son interlocuteur s'en était déjà bien rendu compte. Ne voulant pas perdre trop la face, il tenta de se relever mais, encore trop peu habitué, il s'emmêla et trébucha dans ses jupons. Abandonnant l'idée de se mettre debout pour l'instant, il redressa la tête d'un air qu'il voulut le plus digne possible malgré l'état et la position dans lesquels il se trouvait, avant de répondre d'un ton en partie tremblant mais se voulant détaché et qui tentait avec difficulté d'adopter le niveau de langue attendu :

"Si vous aviez ... hum ... l'obligeance - enfin la bonté ... la bonté de m'indiquer euh ... où suis-je ??"


Dernière édition par le Mar 20 Nov - 15:50, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyMar 20 Nov - 13:59

- Désolé, jeune homme.

Il aurait bien dit damoiseau, mais il aurait ainsi semblé souligner l'erreur de vocabulaire de l'intéressé, qu'il tenait pour le moment à caresser dans le sens des plumes, pour ainsi dire. La réaction initiale qu'avait eu l'adolescent à sa vue semblait indiquer que, s'il était quelque peu empoté de ses mouvements et apparemment peu apte à s'orienter, il n'était en revanche peut-être pas entièrement dépourvu d'une certaine intuition pour flairer le danger.
Avancer à pas... de loup...

- Je crains que mes réponses ne soient pas vraiment de nature à vous satisfaire. Cette partie de la forêt a peut-être un nom pour ceux qui la connaissent plus intimement que moi, mais je l'ignore. Et si je sais m'y diriger sans mal, c'est autre chose de parvenir à donner des indications claires pour qui n'a pas l'habitude d'y chercher son chemin, parce que c'est ce que vous espérez je suppose ?

Finissant de remettre en ordre ses vêtements extérieur quelque peu delacés pour plus de confort pendant qu'il dormait, et vérifiant que nul débris ne s'accrochait encore aux longues mèches lisses d'un noir d'encre qui encadraient son visage, il se lança dans une énumération insidieusement douce et musicale, comme pour mieux imprêgner l'esprit du jeune homme du vaste inconnu qui l'entourait, et mieux se l'attirer.

- Nous sommes... à deux heures de marche rapide d'un camp de bûcherons abandonné, à une demi-journée de la tour penchée, à deux bonnes nuit de voyage du tertre de Kar-She, à sans doute un bon mois de voyage des Terres du Nord, par des parages que je n'ai encore jamais parcouru jusqu'ici... nulle part en somme, pour qui n'a pas décidé d'une destination, et ne s'est pas donné les moyens d'y parvenir.

Et toutes ces directions se valaient plus ou moins, ou plutôt ne valaient rien du tout, quand on ne savait pas quels repères chercher, quelle direction prendre et comment s'y tenir, n'est-ce pas ? Telle était la conclusion, parfaitement vraie mais également assortie de conséquences possibles des plus intéressantes pour lui, vers laquelle il s'efforçait d'amener son charmant visiteur.
Plus que se laisser aller à un seul festin qui laisserait un cadavre suspect derrière lui, peut-être serait-il finalement plus judicieux de s'attacher la compagnie de l'autre, au moins le temps de ressortir de la forêt et d'arriver quelque part.

N'importe où, tant que c'était suffisamment éloigné de son royaume natal pour ne pas craindre les sbires ou les manoeuvres de son épouvantable belle-mère avant un moment au moins. Et on devait chercher... une personne seule, que la rumeur et les avertissements de ses poursuivants devaient d'ores et déjà avoir transformé en une espèce de monstruosité qui ne lui ressemblait plus que de très loin. Pas un jeune homme accompagné de son jeune frère ou sa jeune soeur.

Mais ce n'était peut-être pas gagné de convaincre le joli travesti de rester plusieurs jours encore avec lui dans la forêt, et voyager de nuit et dormir le jour, quand son intuition lui soufflait peut-être, même si Mélancthe avait omis de le préciser, qu'ils se trouvaient aussi à une heure de la lisière la plus proche en ligne droite...
Au pire, il pourrait sans doute le convaincre de rester là, dans l'abri relativement douillet de la souche, pour passer la nuit qui tomberait d'ici quelques temps, même si présentement le soleil déclinait encore à peine.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyMar 20 Nov - 17:14

Une proie facile : c'est en effet ce qu'était en cet instant le frêle jeune homme. Mais ce fait, pourtant évident aux yeux de tous, ne frappait pas l'intéressé ; au contraire, loin de se méfier, il se sentait de plus en plus confiant et sûr de lui, et baissait progressivement sa garde déjà peu développée. L'attitude et les paroles de l'homme, il est vrai, encourageaient à ce laisser-aller, et Samahin était toujours le premier à tomber dans ce genre de pièges. La gêne et l'inquiétude qui l'avaient saisi plus tôt n'avaient pas totalement disparu et avaient même plutôt tendance à s'accentuer maintenant qu'il pouvait détailler à loisir l'apparence singulière de son interlocuteur ; cependant il préférait reléguer toutes ces désagréables sensations le plus loin possible, se laissant consciemment aveugler par une gentillesse feinte.

L'homme connaissait les bois : il était donc bien d'ici ... Quoique Samahin veuille dire par là, il se comprenait. Il lui semblait avoir atteri dans un autre monde, totalement hors d'atteinte lorsqu'on y était d'abord pas convié - un monde pourtant que tous cherchaient à rejoindre, même insconsciemment ; et quand on parvenait enfin à s'y rendre, on ne pouvait que constater sa non-appartenance aux principes élémentaires qui le régissaient. Ainsi se sentait-il : élément complètement étranger à un ensemble dans lequel il se trouvait pourtant plongé - comme un poisson qui tenterait de marcher sur terre ou un homme de respirer sous l'eau. Et l'homme appartenait quant à lui à l'ensemble : il n'était pas anormal qu'il se trouve là, c'était au contraire sa place.

Et puisqu'il appartenait à ce monde et toutes les bizarreries qui s'y trouvaient, il était donc le meilleur guide que Samahin puisse espérer trouver - c'est du moins ce qu'il lui semblait. Il sombrait ainsi sans le réaliser au fond du gouffre creusé sous lui, se laissait enfermer sans le sentir entre les mailles du filet. Et comme pour signifier ce fait, il sourit faiblement, naïvement, souhaitant par ce geste remercier d'une réponse qui ne lui apportait pourtant pas grande éclaircie sur toutes les questions qui lui troublaient l'esprit.

"Je ... Je vois. Dans ce cas je crois ... que je suis un peu perdu ..."

Il tenta de placer un faible petit rire, qui au final sonna plus comme le mélange d'un gloussement hystérique et d'un sanglot étouffé.

"Peut-être ... Peut-être que vous savez où il faut aller, vous ? Est-ce que ... est-ce que vous pourriez ... m'aider ?"

Il se mordit la lèvre, gêné par sa propre timidité. Timide, il ne l'avait pourtant jamais trop été. Mais les conditions étaient particulières, et plus encore l'était l'homme qu'il avait en face de lui, le dominant de toute sa hauteur puisque se trouvant debout quand lui-même était encore au sol. Samahin voulut à nouveau se lever : il trébucha encore une fois mais, prenant appuie sur un tronc près de lui, il y parvint finalement. Un peu tremblant sur ses jambes, il se redressa autant qu'il put, constatant par la même occasion qu'il faisait une bonne tête de moins que son interlocuteur - pourtant lui-même n'avait jamais été particulièrement petit.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptySam 24 Nov - 23:39

- Je pense me rendre à la Ville d'Airain, à quelques jours de voyage d'ici.

La décision avait été prise alors même qu'il parlait. Il savait s'y rendre, et y avait fait quelques connaissances lors de son précédent séjour en compagnie du prince Ashald qui cherchait à renforcer sa petite bande en recrutant quelques mercenaires solides. La ville était assez grande pour qu'il puisse se fondre à la multitude et y vivre quelques temps, en attendant de décider quoi faire ensuite. Assez peuplée, prospère et fière de son indépendance aussi pour ne pas obéïr au doigt et à l'oeil aux désirs de la reine d'un insignifiant petit royaume voisin...

- Si vous souhaitez m'accompagner ce sera avec plaisir. Mais je n'ai pas l'intention de ressortir de la forêt avant d'être plus près de ma destination.

Il observa le jeune homme d'un peu plus près, le trouvant un peu frèle autant qu'on pouvait en juger sous ses amples vêtements surchargés, maintenant qu'il savait que ce n'était pas une fille. Et même s'il semblait en plutôt bonne santé, et d'un teint de peau qui trahissait plus de soins que ne pouvaient généralement s'en permettre les gens du commun, les traits délicats semblaient commencer à être un peu tirés par la faim.

- Je pourrai nous trouver à manger puisque vous ne semblez guère pourvu de provisions, mais ça risque de n'être ni très abondant ni varié. Peut-être devrais-je m'y mettre maintenant, pendant que vous vous reposez quelques heures ici ? L'intérieur de la souche est sec et abrité, je peux vous laisser mon manteau et ma cape le temps que vous fassiez sécher vos vêtements, et vous pourrez dormir d'ici que je revienne avec ce que j'aurai pu trouver. Et puis nous nous mettrons en route. Je voyage de nuit.

Le tout du ton le plus paisible et amical qu'on puisse imaginer, même si ses paroles attireraient sans doute quelques interrogations. Posant une main légère sur une épaule voilée de cheveux châtain, il invita du geste Samahin à s'approcher de la souche.

- Nous ne nous sommes pas présentés. Je suis Mélancthe de Schwarzerd.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyJeu 29 Nov - 21:49

{Je suis très occupée en ce moment, alors je m'excuse d'avance si je ne peux pas répondre toujours tout de suite ... D'ici là semaine prochaine, ça devrait - devrait - s'être arrangé. Et désolée également pour le peu d'action (et de tout, en fait) qu'apportent mes messages ...}

~


Il y avait donc des villes en ce monde ? Des villes ... d'autres êtres humains ? Cette simple pensée suffisait à rassurer grandement le jeune homme égaré qui, quoique peu enthousiaste à l'idée du pénible voyage qui l'attendait, ne pouvait s'empêcher de rêver avec délectation aux fumées tièdes et odorantes s'élevant des cheminées, des échoppes et des fours à pain, aux brouahas tapageurs des rues, aux bousculades incessantes sur les trottoirs et dans les queues, aux foules massées, écrasées, compactées sur la Grand'Place, à tous ces contacts humains plutôt brutaux et involontaires qu'il fuyait autrefois mais dans lesquels il désirait à présent se noyer. Une ville ! Un retour à la réalité, peut-être, loin de ce monde délirant où il ressemblait tant à une femme et où les inconnus poussaient au creux des souches - en pleine forêt.

Alors, oui, même si le guide était si étrange et inquiétant, s'il ne désirait voyager que de nuit et toujours sous le couvert des arbres, et même si sous son ton toujours bienveillant semblait se cacher quelque mystère ... Même malgré tout ça, il acceptait cette singulière invitation au voyage. Et puis après tout, avait-il vraiment le choix ?

Il se laissa donc docilement conduire, acquiessant bêtement à chaque mot et sans proférer lui-même le moindre son. Il avait froid, il était trempé, il était épuisé, il était affamé ; pour cela, les propositions de son ... hôte ? - ces propositions étaient toutes plus bienvenues les unes que les autres, et bien qu'il lui semblât profiter de la gentillesse de l'homme, il n'osait les décliner. De sa démarche gauche et hésitante, il fit quelques pas vers la souche, et à la voir de plus près il eut presque l'impression qu'elle avait été taillée par quelque fée ou être magique dans le but d'accueillir des voyageurs fatigués. Il chassa cette idée saugrenue de son esprit et, se tournant vers le dénommé Mélancthe, le fixa de ses grands yeux naïfs, desquels l'angoisse puis l'inquiétude avaient progressivement disparu.

En vérité, si son regard paraissait aussi candide en cet instant, c'était moins par trait de caractère que par stupéfaction devant un nom qui, prononcé pour la première fois à des oreilles non habituées, ne pouvait que sembler des plus barbares. Ne souhaitant pas paraître plus niais qu'il n'en avait déjà l'air, notre innocent remonta avec fermeté une machoire qu'il avait commencé à laisser tomber, et se mit en devoir de se présenter à son tour :

"Merci pour tout ... hum ... Vous êtes drôlement gentil ! Je m'appelle Sa ... Sa ? Non ... Ba ... ?"

Il hésita, troublé de ne plus savoir qui il était vraiment et donc comment il devait se faire nommer. Mais rougissant bien vite de cette hésitation, il se décida : il donnerait le nom qui lui était venu le premier à l'esprit, celui que semblait lui souffler tout son être, toutes les feuilles mortes sous ses pieds, tous les légers craquements des troncs et des branches de la forêt, tout ce monde autour de lui - le nom qui lui avait été attribué.

"Je m'appelle Samahin"

Prononcer cet étrange pseudonyme à voix haute procurait une sensation des plus singulières ... Un peu comme s'il en était venu lui-même à accepter toutes ces bizarreries qu'on avait tenté de lui imposer. Ressentant soudain une grande lassitude, il n'eut plus qu'une envie : faire ce que l'homme à la peau d'albâtre lui avait proposé, se coucher et se reposer autant qu'il le pourrait. Il fit à nouveau quelques pas vers la souche, à reculon cette fois, mais sans pourtant tomber. Arrivé à sa hauteur, il s'assit lentement, autant que le lui permettaient ses membres endoloris, et glissa une main curieuse à l'intérieur, tâtant ce qui, faute d'être aussi moelleux qu'il l'aurait désiré, lui offrirait néanmoins une agréable couche, en outre préalablement chauffée par son précédent habitant.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyDim 2 Déc - 19:18

Peu de chaleur à attendre de sa présence récente dans le nid de feuilles et mousse séches, peut-être un peu plus en revanche de la double épaisseur de son manteau et sa cape, cette dernière étalée sur les feuilles, et le premier tendu à Samahin pour qu'il s'en couvre. Il n'en avait pas réellement besoin, et s'en serait délesté le temps de se mettre en chasse, de toute façon. Désormais simplement vêtu de sa chemise, ses pantalons de monte et ses bottes il s'étira, un peu paresseux et engourdi dans le jour encore assez clair, sens s'éveillant et s'aiguisant doucement.
Si son visiteur baignait encore en plein enchantement et perplexité de son arrivée dans un monde bien étrange pour lui, Mélancthe lui n'avait pas conscience qu'il puisse en exister d'autre. Seul existait ce fil immuable des jours et des saisons qu'il connaissait depuis sa naissance, auquel il s'accrochait crocs et ongles avec un instinct surhumain, et où il avait sa place quoi que puissent en penser ses poursuivants, celle qui les envoyait, et d'autres encore.

- A dans quelques heures, Samahin, dormez bien.

Oui, qu'il dorme très bien. Le jeune prince pâle ne pensait pas que son joli visiteur s'éloignerait bien loin seul s'il se réveillait avant son retour, perdu comme il était, mais il serait fort agréable de le retrouver encore abandonné au plus douillet des sommeils à son retour, et y goûter quelque peu...

Il s'éloigna tranquillement, relevant le nez et s'apprêtant à mettre à profit l'avant-crépuscule pour rechercher noix et noisettes, au pied des arbres ou dans des caches d'écureuils. Ce serait sans doute à peu près tout ce qu'il saurait ramener à moins de tomber sur d'autres voyageurs plus avant dans la nuit, mais ça devrait bien faire l'affaire...

Il trouva bien un autre voyageur, peut-être une paire d'heures plus tard, sans cheval ou autre animal pour donner l'alarme quand il se coula au plus près de la forme lasse et endormie, qui se réveillerait encore plus lasse mais vivante. Il ne souhaitait pas faciliter à l'excès sa traque. Mais si son compagnon arrivé de nulle part devait vivre jusqu'au terme de leur voyage il ne serait pas mauvais qu'il fasse en sorte de ne pas être -trop- affamé.
L'homme ne se défendit aucunement de bout en bout, s'agitant un peu en proie aux rèves plaisants que semblait souvent provoquer sa morsure, avant de retomber dans une torpeur encore plus profonde. Il avait une bourse et quelques provisions, dans lesquelles Mélancthe piocha sans vergogne avant de s'en retourner, foulant le sol sombre et feuillu où fleurissait le givre aussi vif et silencieux qu'il était venu, dans la direction presque exacte de la souche où il avait pris son repos de la journée.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyMer 5 Déc - 23:23

Le manteau à la main, toujours assis non loin de la souche, Samahin regardait l'homme s'éloigner. Etrange sensation que celle procurée par ce pâle inconnu : mélange de peur et de fascination. Et quand enfin il disparaissait totalement entre les troncs, comme happé par la profondeur de la forêt, on ne pouvait s'empêcher de ressentir un indicible soulagement ... Quoique la solitude ne soit pas ce dont Samahin avait en ce moment le plus envie. Elle lui permettait cependant une chose : se changer tranquillement sans crainte de regards indiscrets, puisque cet endroit semblait déserté de tout être vivant.

Il se releva, et retira sa robe avec quelques difficultés ; déjà lourde à l'origine, l'humidité dont elle s'était gorgée ne l'avait pas allégée. Une fois débarrassé de ces encombrants tissus, il accrocha le vêtement à une branche basse non loin de là et qui lui sembla assez solide pour en soutenir le poids. Drôle de tableau que cette robe luxueuse des temps anciens ainsi abandonnée à la nature au plus profond d'une forêt vide de tout habitant - ou du moins le semblait-elle aux yeux de l'unique spectateur présent. Il la regarda un moment pendouiller au bout de sa branche, mais aucune goutte d'eau ne tombait à terre. Il se mit en devoir de tenter de l'essorer, mais c'était peine perdue : à peine parvint-il à tordre légèrement les jupons au prix d'un suprême effort, mais l'eau ne coula pas plus vite pour autant. Renonçant, il se recula, et porta cette fois les yeux sur son propre corps.

Il n'était à nouveau vêtu que de cette petite robe de chambre ridiculement courte qui lui remontait jusqu'aux cuisses et offrait par une échancrure disproportionnée une vue plongeante sur son torse dépourvu de poitrine. Et ce rose ... ! Un souffle un peu plus froid que d'ordinaire lui rappela qu'elle était en outre très légère, et il se dépêcha de couvrir ses épaules nues du large manteau offert par - comment était-ce, déjà ? - ah oui, Mélancthe ; la suite, impossible de s'en rappeler. Mais voilà qu'à nouveau un imperceptible frisson le traversait des pieds à la tête. Allons donc, avait-il laissé le vêtement exposé trop longtemps à ce vent froid qui persistait ? Enfin, peu importe : il était à présent protégé, et la chaleur de son propre corps ne se perdait plus inutilement alentour mais lui était au contraire parfaitement restituée, il n'avait donc pas à se plaindre.

La pensée lui vint soudain que si ce manteau lui avait été prêté, son propriétaire devrait s'en priver. Il se rappela l'avoir vu s'éloigner, dés lors uniquement vêtu d'une chemise qui semblait bien désuète face au froid mordant des bois ... Pourtant il n'avait pas semblé en souffrir outre mesure. Etait-il donc à ce point résistant ? Ou faisait-il juste semblant afin de garder contenance ? Samahin n'en savait trop rien, mais interrompit ce questionnement : il était fatigué, qu'il se couche et il verrait après.

Mais même après s'être installé le plus confortablement du monde, il ne faisait que se tourner, se tourner et se tourner encore, incapable de trouver le sommeil. Il était épuisé, pourtant il lui semblait qu'il venait à peine de s'éveiller. Certes il ne s'était pas encore passé une journée entière depuis qu'il avait ouvert les yeux dans la chambre dorée, mais de nombreuses heures étaient déjà passé ; pourquoi cette impression, alors ? Il lutta pour s'endormir enfin, après de nombreux efforts pour oublier au moins un instant toutes les interrogations que ne cessaient de le démanger depuis qu'il s'était retrouvé ici.

~


Un cri - strident. Il lui fallut un moment pour réaliser que c'était lui-même qui venait de le pousser, ce cri suraigu de demoiselle en détresse. Un réveil en sursaut, c'est le moins qu'on puisse dire ; il s'était si violemment heurté la tête contre le bois sec qu'il s'étonna presque de ne pas le voir casser. Il ne se réveilla complètement que quelques instants plus tard, réalisant qu'il était toujours en train de battre le sol de ses pieds, comme s'il n'avait rien eu le bloquant dans le dos et qu'il avait voulu fuir un danger inconnu. Enfin revenu à lui, il ne put que se demander où il était. Toujours la souche ? Alors toute cette histoire était bien réelle ... Cependant, malgré le dépit qu'il éprouvait de ne pas se trouver dans un lieu plus normal, il ressentait sans se l'expliquer un profond soulagement : il s'était réveillé ... Il lui avait semblé un moment, quand le sommeil s'était saisi entièrement de lui, que plus jamais il ne pourrait rouvrir les yeux. Mais il y était parvenu.

A propos ... Quel était ce cauchemar qui l'avait tant secoué ? Il ne lui restait que quelques brides de souvenir, rien de bien précis ... Une histoire avec des enfants et une ogresse qui aurait voulu les dévorer. Ces enfants ... Les siens ? Et il était ... Leur mère ?? Décidément, cette histoire de robe lui était montée à la tête. La robe ! Etait-elle sèche à présent ?

Samahin pointa le bout de son nez hors de la souche. Il faisait sombre, très sombre : la nuit devait être tombée depuis un moment déjà, il avait du dormir plusieurs heures. Il se glissa dehors le plus silencieusement qu'il put, plus par réflexe que par peur d'éveiller ou d'alerter qui que ce soit, et regarda autour de lui. On n'y voyait goutte, il avait même du mal à apercevoir les mains qu'il tendait devant lui ; les quelques rayons lunaires qui auraient pu l'éclairer un minimum se trouvaient accrochés aux branchages et incapables de descendre jusqu'à lui. Il se leva et, d'un pas hésitant, se dirigea vers l'arbre sur lequel il se souvenait avoir accroché la robe. Par un heureux hasard, il la retrouva sans trop de mal, toujours au même endroit. Il tâta un instant les tissus et constata avec satisfaction que toute trace d'humidité avait disparu. Il se hâta de retirer le manteau qui lui avait été prêté et de renfiler la robe à la place. Non qu'il la préféra au vêtement à présent gorgé de sa chaleur corporelle - loin de là -, mais il était gêné de le porter tout en sachant que son véritable propriétaire courait les bois en petite chemise. Pour l'instant cependant il décida de le remettre, car la robe en séchant s'était couverte de givre, et il grelottait terriblement.

N'ayant rien d'autre à faire puisque ne souhaitant pas explorer seul les bois, et surtout pas de nuit, Samahin retourna se lover au creux de la souche, se plaçant de telle manière qu'il pouvait apercevoir l'extérieur. Il n'attendait pas depuis bien longtemps lorsqu'il aperçut soudain une silhouette surgir de la nuit. Aucun bruit ne l'avait prévenu pourtant, aussi sa surprise fut-elle grande : il laissa échapper un glapissement apeuré et se terra plus encore dans sa cachette. De cette silhouette émanait une impression terrifiante, et il ne parvenait pas à définir s'il s'agissait du 'Mélancthe' de plus tôt ou d'un nouvel individu non moins louche et effrayant ; il préféra donc ne rien dire et rester à trembler, attendant que tout se passe.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyDim 9 Déc - 2:31

Un tout petit festin. Quelques gorgées à peine avant de réveiller le bel endormi, lui passer une partie des provisions et le laisser se restaurer avant de reprendre la route...
Un léger voile rougeâtre et grondant de contrariété troubla un instant sa vue et ses oreilles, à s'apercevoir que malgré sa fatigue apparente quelques heures plus tôt, son jeune invité était déjà réveillé, et l'agréable projet qu'il avait formulé de quelque peu planter les crocs à la douce et alléchante gorge blanche devrait en conséquence être remis à plus tard, ou une autre fois.

- C'est moi, Mélancthe. Vous vous êtes bien reposé, Samahin ?

Voix douce et rassurante. Comme si, bien entendu, sa propre présence n'avait rien de nature à inquiéter, et ne suffisait pas à écarter une bonne part des créatures vivantes des environs immédiats de la souche. Mais, au glapissement qu'avait poussé l'autre à l'instant où il l'avait aperçu, on pouvait se demander si malgré sa distraction apparente, Samahin ne percevait pas déjà davantage de son insolite compagnon de voyage qu'il n'y paraissait à première vue.

Une certaine contrariété s'empara du jeune prince à cette éventualité.
Enfin, il verrait bien au jour suivant, si Samahin préférait finalement poursuivre seul plutôt qu'attendre qu'il se réveille. La part de lui qui avait enragé à le trouver les yeux ouverts et sur ses gardes songea qu'il se ferait alors un plaisir de le retrouver à la nuit tombée, et qu'une telle chasse ne se conclurait sans doute pas par un tout petit coup de dent. Le genre de rêveries qui bien souvent chez lui se concrétisaient presque sans décision ou effort de sa part, alors qu'il se laissait emporter comme momentanément privé de toute volonté par une ivresse avide et sanglante.

Y coupant court pour l'instant Mélancthe tendit au jeune androgyne les plus périssables des provisions soustraites à l'infortuné voyageur, en mettant de côté une partie. Il ne pensait pas prendre autant de temps pour veiller au ravitaillement les nuits suivantes s'il pouvait l'éviter, conserver une petite réserve y aiderait.

- Le temps que vous finissiez ça, il y a des noix et noisettes aussi.

Il s'assit sans plus de façons sur une pierre plate non loin de la souche, s'apprêtant à les écraser entre celle-ci et une autre pierre ramassée à cette fin peu avant de revenir auprès de Samahin.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyLun 10 Déc - 21:13

La gorge blanche en question, loin de se douter quelles impures pensées elle éveillait chez le sombre voyageur, se trouva toute soulagée de constater que l'inquiétante silhouette était, sinon une figure amie, du moins connue. La soudaine et irraisonnée angoisse qui l'avait saisi plus tôt ne tarda pas à être oubliée, effacée par la douceur dans le ton de Melancthe. Samahin était dans le fond comme un agneau, percevant le danger de l'approche du loup mais que quelques caresses suffisaient à rassurer.

Il sortit donc de sa tanière sans trop hésiter mais avec une certaine lenteur, car ses yeux, bien qu'ayant eu le temps de s'habituer à l'obscurité, ne distinguaient pas encore toutes les formes. Repliant ses jupons sous lui, il s'assit sur le bord de la souche, et accueillit avec joie la nourriture qu'on lui tendait. Il avait au départ pensé attendre que tout soit servi et que chacun soit prêt avant de commencer à manger, comme la politesse le lui dictait, mais la faim l'emporta lorsqu'il eut sa pitance entre les mains et que l'odeur alléchante vint lui titiller les narines ; et puis dans la situation présente, il n'était plus vraiment sûr d'avoir à appliquer tant de règles de bienséance ... N'écoutant plus que son instinct, il le laissa finalement aller à engloutir sa part sans autre forme de procès. Dans son empressement, il n'en vint même pas à se demander comment Mélancthe avait pu se procurer tout ça en pleine forêt, en pleine nuit et en à peine quelques heures. La seule chose dont il s'étonnait pour l'instant était son propre appétit et cette frénésie à tout dévorer dont il ne se serait pas cru capable.

Pourquoi, d'ailleurs, avait-il aussi faim ? Ses activités de la journée en étaient-elles vraiment les seules raisons ? Il tenta de se rappeler à quand remontait son dernier repas, mais en vain : tout ce dont il se souvenait était de s'être réveillé au matin dans une pièce et un lieu totalement inconnus. La veille, il avait dû dîner ... Quelques brides de souvenirs lui parvinrent, mais il était incapable de les assembler et le tout ne donnait par conséquent qu'une image assez floue ; comme en outre ces efforts de remémoration lui causaient un terrible mal de tête, il décida de cesser encore une fois d'y songer et sortit de ses pensées.

Il avait terminé de manger - ou plutôt de s'empiffrer - et il constata que le pâle jeune homme s'était attelé à casser les noix dont il lui avait parlé. Samahin le regarda faire un moment, se demandant s'il avait déjà mangé en venant ou s'il comptait le faire plus tard. Soudain, il prit conscience que le large manteau reposait toujours sur ses épaules. Lui qui s'était senti mal plus tôt d'être le seul à en profiter vit sa gêne empirer. Il s'empressa de se relever et, gauchement, retira le vêtement tout en se dirigeant vers la pierre où était assis l'homme ; il le lui tendit ensuite, les joues rougissante.

"Hum ... Merci pour ça ... Et pour le repas aussi. Je vous le rends, la robe est sèche, vous devez vous ca ... vous devez avoir froid."
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptySam 29 Déc - 4:14

Crac, cédaient les coques une à une, à petits coups secs et efficaces, à mesure que s'apaisait la contrariété de Mélancthe et qu'il se contentait de profiter de l'air vif de la nuit, et de l'arôme fugace qu'il portait jusqu'à ses narines maintenant que Samahin était sorti de son refuge et s'était installé non loin. La moindre bribe mangeable repérée d'un oeil de lynx et mise de coté dans un mouchoir, le reste dispersé, il se releva et vint remettre noix et noisettes décortiquées entre les mains de l'autre jeune homme.

Prédateur ou parasite, plus ou moins élégant ou direct suivant le moment ou l'humeur, il était assez intelligent pour prendre soin de ses proies à l'occasion, en apparences pour mieux les charmer certes, mais aussi bien souvent en faits lorsqu'il y voyait quelque avantage. Le choix de cet après-midi s'était presque imposé de lui-même, face à une proie aussi alléchante et rare que celle-ci, rencontrée au détour de ces bois quasi-déserts, et qui pouvait lui permettre d'attendre sa destination plus aisément et agréablement.
Assez intelligent oui. Assez maître de lui-même, pas toujours.

Ses yeux se perdirent un moment dans le sous-bois enténnêbré et silencieux. Sa sorcière de belle-mère clamait à tout homme ou femme qu'elle pensait pouvoir gagner à sa cause qu'il avait tué son père de sang-froid après l'avoir charmé de la plus malsaine façon... mais il n'avait pourtant pas fait les premiers pas quand malgré sa jeunesse il avait, semblait-il, commencé à ressembler de façon frappante à sa défunte mère.
Ce n'était pas lui qui avait initié les premières étreintes troubles qui avaient mené plusieurs années plus tard à une tombe hivernale et précoce dans la terre noire et gelée pour le roi aux cheveux couleur de soleil d'un petit royaume. Si petit, déclinant et insignifiant qu'à quelques jours de cheval à peine son nom sonnait déjà comme un éternuement barbare à l'oreille de la plupart de ceux qui ne voyageaient pas plus loin que la ville de marché la plus proche.

Il ne regrettait rien pourtant, alors qu'il s'apprêtait à prendre son envol loin de sa terre natale, pas plus qu'il ne regretterait davantage de laisser Samahin étendu pâle et froid dans un ravin après l'avoir pourchassé, que de le voir simplement se séparer de lui sans savoir ce qu'il avait réellement côtoyé, quand une fois en ville il se rapprocherait sans doute instinctivement de nouveaux compagnons moins inquiétants.

- Je courais, je n'ai pas eu froid.

Rassura-t-il simplement Samahin. Vrai, et vrai, même si le lien de cause à effet ainsi sous-entendu était inexistant, ce qui ne l'empêcha pas d'accepter de nouveau pour le moment manteau et cape. Il n'en avait pas réellement besoin mais ne pas feindre le contraire alors qu'approchait le coeur d'une nuit d'automne froide et venteuse aurait paru suspect. Il pourrait toujours reproposer l'un ou l'autre vêtement si la marche et ses propres atours ne suffisaient pas à réchauffer le jeune androgyne.

Un mince croissant de lune s'était levé au travers des branches dégarnies des arbres, éclairant chichement mais suffisamment le sous-bois, assez pour s'y déplacer sans trop d'encombres sur les sentes les plus dégagées même pour les yeux d'un homme ordinaire, aveuglés de soleil jusqu'à n'en plus discerner les rayons et les ombres de la nuit.
Et Mélancthe se tiendrait non loin de son compagnon s'il venait à trébucher, encombré comme il l'était de ses lourdes robes.
Il se redressa alors que Samahin achevait son repas, et finit d'agraffer convenablement mateau et lourde cape, silhouette blanche se distinguant assez clairement pour qu'on le suive sans peine à condition de ne pas trop se laisser distancer.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptySam 29 Déc - 23:26

Un silence épais, lourd, à couper au couteau - voilà ce qu'avait laissé derrière lui le bruit léger et pourtant envoûtant des noix se brisant sous les coups méthodiques de la sombre silhouette. Plus rien à présent ne parvenait aux oreilles déjà peu aiguisées de Samahin, si ce n'était sa propre respiration. Elle lui semblait d'ailleurs retentir bien plus que nécessaire, comme une sorte de râle rauque et fort peu délicat. Il n'aurait su dire s'il ne s'agissait là que de son imagination ou de l'effet bien réel d'un silence nocturne dont il avait peu l'habitude, toujours est-il qu'il préféra tenter de se retenir, ne laissant l'air entrer et s'échapper que par une faible fente entre ses lèvres. Il continua son manège jusqu'à ce qu'il soit temps de partir, cessant même entièrement de respirer lorsqu'il lui fallait croquer les fruits secs, s'appliquant là aussi à faire le moins de bruit possible.

Les yeux d'abord dans le vague, il se prit par la suite à observer Mélancthe, à quelques pas de lui, qui revêtait son manteau. C'était un grand soulagement, tout de même, qu'il ait accepté de le récupérer ; lui-même s'était habitué à la température à présent, et aurait été plus gêné qu'autre chose s'il lui avait fallu le garder tout en voyant son propriétaire totalement dépouillé de la moindre protection - du moins le songeait-il.

Quand le moment fut venu de partir, Samahin se leva en silence, car aucun mot n'avait été prononcé et qu'il n'osait plus prendre la parole. Il épousseta inutilement sa robe d'un geste gracieux de la main et, soulevant ses lourds jupons, fit quelques petits pas tout aussi gracieux vers son tout nouveau guide.

... Gracieux ? Des petits pas ?

Choqué, le jeune homme plus vraiment sûr d'en être un s'arrêta brusquement, lâchant sa robe, et prit un air vaguement dégoûté. Ce n'était pas possible, il n'était plus lui-même, quand avait-il acquis de tels réflexes ? Il lui semblait vaguement qu'il s'agissait de souvenirs lointains et qui seraient en train de remonter progressivement à la surface. Sauf que lui, il n'en voulait pas de ces souvenirs, pas plus qu'il ne voulait de cette robe, de ces cheveux, de ce corps ... Mais, hélas, on n'y pouvait pas grand chose dans l'immédiat. Il se secoua la tête, histoire de revenir à la réalité - enfin, était-ce vraiment la réalité ? Tentant cette fois de marcher normalement, comme tout jeune homme se devait, il suivit l'homme devant lui, tentant d'oublier toutes les sensations désagréables qui lui déferlaient dessus, ne pensant plus à rien hormis au rythme de la marche, et à la silhouette sombre devant lui qui menaçait à tout instant de disparaître dans la nuit, même si la légère lueur lunaire tentait tant bien que mal de dissiper les ombres de la forêt.

La marche continuait, inlassablement, silencieuse, monotone. Samahin n'osait toujours pas proférer le moindre son, et il avait presque la sensation d'être un fugitif qui aurait eu à se cacher de quelques poursuivants lancés à ses trousses. Une sensation qui aurait pu se muer en soupçon s'il avait prêté plus attention à tous les indices laissés par l'attitude de son guide, mais il ne se sentait pas en était de réfléchir plus que ça, et se laissait simplement bercer et emporter par le courant des choses.

Au bout de ce qui lui sembla une éternité, mais qui avait pu durer aussi bien plusieurs heures que quelques minutes, il s'arrêta. Il n'était pas particulièrement fatigué ni même lassé de cette marche, mais quelque chose de bien concret l'avait contraint à sortir de ses pensées : il avait terriblement mal aux pieds. Ses chaussons n'avaient qu'à peine séché, et le froid lui donnait l'impression de les sentir presque geler ; mais le pire était sans doute tous les petits obstacles du chemin, les cailloux, les bouts de bois, qui en traversaient sans difficulté la faible épaisseur jusqu'à venir mordre sans douceur la plante de ses petons meurtris.

"Euh désolé de m'arrêter comme ça ... chuchota-t-il, trop craintif pour élever plus la voix, mais j'ai grave ... j'ai trop ... j'ai mal aux pieds."
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptySam 12 Jan - 20:45

Mal aux pieds... ?
L'humeur jusque là plutôt bonne du prince en fuite, à traverser une nuit sombre et froide comme il les aimait, et silencieuse comme il les aimait moins mais donc vide de poursuivants, en prit un coup.

- Asseyez-vous un moment, cela ira peut-être mieux.

Mélancthe se rapprocha, attendant que Samahin se soit installé pour venir inspecter le chaussage qu'il trouva bien inadéquat, même si l'autre n'avait peut-être pas les petons aussi délicats qu'il l'avait initialement pensé. Il n'offrit pas de les masser, le contact de ses doigts presque aussi froids que l'air environnant n'aurait de toute façon sans doute pas été du goût de son compagnon.

- Quelle idée de sortir en chaussons. Voulez-vous essayer mes bottes ? Elles seront peut-être un peu grandes mais protègeraient la plante de vos pieds jusqu'à notre halte. Ou nous pouvons peut-être rembourrer vos chaussons avec une ou deux couches de laine de mon manteau, en attendant mieux.

Il ne pensait pas avoir la force de porter l'autre jeune homme pendant plusieurs heures. Pas de chaussures de rechange miraculeusement sous la main non plus, bien entendu... Et les sabots et grossières sandales qu'il pourrait peut-être trouver en s'aventurant du côté de certaines huttes de bûcherons seraient peut-être un remède pire que le mal. Il tenterait de s'en procurer tout de même, mais le plus proche groupement de huttes de ce genre, assez nombreuses pour que s'y trouvent des femmes et des jeunes gens de la pointure de Samahin ou à peu près, ne serait pas à sa portée avant la nuit suivante, désormais.

A moins qu'il n'y envoie Samahin seul avec quelque argent se négocier une paire de sabots pendant la journée suivante.
Non, ce ne serait pas bien prudent. Une apparition aussi radieusement vêtue ferait longtemps parler et attirerait l'attention de poursuivants. Si les bûcherons ne décidaient pas tout simplement qu'il y avait là bonne occasion de rançonner le voyageur, ou de prendre... femme... à bon compte. Des gens rudes, qu'une vie toute aussi rude au milieu des dangers de la forêt, souvent choisie de mauvais gré après quelques démêlés avec la loi des royaumes en lisière, n'inclinait pas toujours à la pitié et bienveillance...

Et si la naïveté charmante de Samahin réussissait à en attendrir, il ne faudrait tout de même pas que lui Mélancthe se retrouve si aisément privé de sa compagnie, parceque le jeune androgyne penserait avoir réussi à se faire indiquer assez clairement un chemin vers l'orée de la forêt pour l'emprunter seul...
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyDim 20 Jan - 19:35

{Je suis désolée pour le retard, mais nous sommes de plus en plus occupés en ce moment ... Et ça ne devrait d'ailleurs pas s'arranger avant les vacances de Février }

~


Bien heureux de l'invitation de l'homme, Samahin obéit et se fit une place sur un lit de feuilles peut-être un peu plus sèches que la moyenne, qu'il tassa rapidement avant de s'y asseoir. Ses pieds au repos, il put constater que la douleur n'était pas si diffuse qu'il lui avait tout d'abord semblé ; elle provenait uniquement d'endroits bien spécifiques, sur lesquels les cailloux et autres nuisances avaient du s'acharner particulièrement. Il faisait trop sombre pour qu'il puisse constater toute l'ampleur des dégats, mais il ne lui semblait pas avoir saigné. Tout allait encore assez bien, dans un sens, il ne risquait pas encore d'infection ... Mais son guide avait raison : il n'aurait pas du sortir ainsi chaussé, il n'irait pas bien loin comme ça. Il se demanda ce qui avait bien pu lui passer par la tête pour s'aventurer dans les bois dans cette tenue, mais sa mémoire lui faisait cruellement défaut : il se souvenait juste d'avoir laissé ses pas le guider, sans y penser, et de s'être retrouvé là - perdu, sans aucun espoir de s'en sortir seul.

On lui proposa la doublure du fameux manteau ; honteux de reposer encore sur les biens de l'homme, et de se voir offrir ce qui lui semblait demeurer son seul confort, il voulut tout d'abord refuser. Mais aussi gêné et coupable qu'il puisse se sentir, l'idée d'un rembourrage de laine pour le protéger à la fois du froid et de la douleur lui faisait envie. Il hésita, tiraillé entre ces deux sentiments ; mais la sensation désagréable d'une épine se dégageant finalement sous son insistance de sa chair meurtrie hâta sa décision. Il acquiessa lentement, timidement, comme un enfant fautif qui aurait accepté, en toute connaissance de cause, un cadeau interdit mais tant désiré. Comme il faisait tout de même sombre et qu'il ne savait pas si son interlocuteur pouvait voir son faible hochement de tête, il se força à ajouter, d'une voix plus basse que jamais :

"Je veux bien ... Un peu. Si ça ne vous dérange pas ..."

Il baissait les yeux, car quoique le peu de lumière ne lui permettait pas de distinguer en détail tous les traits de Mélancthe, il craignait de croiser son regard, qui à n'en pas douter porterait des traces d'impatience ou d'agacement. Il ne se connaissaient pas, et pourtant l'homme l'avait grandement aidé jusque là, alors que d'autres auraient pu sans remord le laisser en proie à toutes les bêtes du bois, dans la nuit, afin de se préserver eux-mêmes d'attaques poussées par la faim. Mais non, on l'avait secouru, on lui avait offert de l'aider et de lui montrer le chemin. Et lui, que faisait-il ? Il était un poids, un boulet, il faisait perdre du temps et, peut-être, de l'énergie, qui pourtant semblaient essentiel à l'étrange hâte de son guide. Il y aurait donc de fortes raisons à se trouver un minimum impatient. Samahin n'avait plus alors qu'à espérer que la bonté qu'on lui témoignait saurait supporter encore ces basses exigences, et ne craquerait pas trop vite devant son évidente inutilité.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyJeu 31 Jan - 2:18

[Pas grave, j'ai pas mal à faire aussi et je ne fais pas mieux :(]

Le prince déchu s'installa à côté de Samahin, profitant qu'il inspectait ses petons meurtris pour récupérer les chaussons qu'il avait ôtés et les regarder de plus près. Une moue peu convaincue quant à leur longévité probable s'attarda fugacement sur son visage qu'argentait la lune qui baignait l'endroit où l'androgyne avait réclamé cette halte.
Il glissa bientôt les doigts dans l'intérieur doublé de délicat duvet, que la chaleur de Samahin avait déjà désertée, pour évaluer la quantité de drap de laine à couper dans le bas son manteau afin de doubler la semelle et remonter un peu sur les côtés pour tenir un peu plus chaud. S'il rembourrait trop, les mignons petits pieds de son compagnon de voyage ne rentreraient plus dans ses chaussons à l'avenant.

- Ne vous inquiétez pas pour moi. Il n'en faudra guère et je ne suis pas bien frileux de toute façon.

Il manqua laisser échapper un sourire en coin.
Il avait parcouru ces forêts au coeur de l'hiver, chassant ses proies sans plus d'apparat que sa chevelure et quelques pièces d'orfèvrerie des Septs Nains, ou plutôt sept Sidhes Noirs qui l'avaient chargé de ces chaînes légères comme un souffle mais dont les enchantements le ramenaient invinciblement à leurs pieds quand ils estimaient l'avoir assez laissé courir à sa guise. Sept Fées Noires difformes amoureux des métaux et des gemmes qui n'avaient cédé leur précieux trésor tout juste réveillé aux mains de son "sauveur", que pour la seule et unique raison que le Fer Froid des armes et armures de ceux qui envahissaient leur demeure les rendaient bien trop dangereux à affronter pour garder un simple jouet.

Mélancthe plissa légèrement les yeux à leur souvenir en fixant le sous-bois vers la direction où l'on ne voyait bien sûr rien mais où il savait que se trouvait leur demeure à quelques jours de là.
Puis sans mouvements brusques pour ne pas effrayer Samahin il sortit de son fourreau sa dague mince et longue qui n'avait guère servi qu'à quelques tâches peu belliqueuses, puisqu'il avait toujours laissé autant que possible sa défense à d'autres ou bien s'y était pris... autrement.

Ces années-là dans la demeure souterraine n'avaient pas été trop déplaisantes, après tout il avait été leur jouet favori, si joli et moins fragile qu'un mortel commun... mais il ne désirait pas se retrouver de nouveau en leur pouvoir maintenant que des horizons bien plus vastes semblaient à portée de main, et il avait fait attention de suivre un itinéraire qui contournait largement leur demeure, et plus encore le tertre des Sidhes Blancs de Kar-She qu'il avait mentionné quelques heures plus tôt à Samahin.
Eux ne se contenteraient pas de le capturer, il en était parfaitement certain.

La lame trancha dans l'épaisse laine feutrée, découpant nettement une bande de la longueur d'un peu plus de deux pieds de Samahin qu'il recoupa et glissa dans chaque chausson avec les gestes de celui qui y voyait comme en plein jour, calant bien le nouveau rembourrage avant de retendre le tout à son compagnon et rengainer.

- Voilà, essayez-les. Nous repartirons quand vous vous sentirez prêt, mais j'aimerais couvrir autant de terrain que possible avant le lever du jour. Vous aurez la journée pour vous reposer ensuite.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyVen 1 Fév - 23:18

{Tant que ça ne te dérange pas que je mette du temps à répondre, tout va bien ! J'aime les rythmes tranquilles ^.^ (même si là j'ai eu l'occasion de faire plus vite que d'habitude, c'est vrai)}


Nul besoin de préciser les sentiments du jeune homme, sans doute, lorsque dans la nuit claire mais parcourue d'ombres l'éclat froid d'une lame surgit sans prévenir. Le mouvement n'avait pas été brusque, pourtant, mais l'état de tension extrême dans lequel se trouvait Samahin le rendait alerte et sensible au moindre frémissement. Pas qu'une méfiance particulière envers son guide ne se soit développée dans son esprit naïf, ou pas consciemment du moins, mais l'ambiance, loin de s'améliorer, semblait s'être encore assombrie. Peut-être la nuit avait-elle en effet étendu d'avantage ses ténèbres dans le bois déjà peu accueillant, ou peut-être n'était-ce qu'une illusion de la part du petit être apeuré qu'il était en cet instant. En marchant, il ne pensait plus trop, sinon à ne pas perdre la trace de celui qui le précédait, car trop concentré à supporter le froid et la douleur ; à présent assis, au repos, il ne pouvait qu'observer et constater que cette crispation dans sa nuque et ses épaules n'était pas uniquement due à la température.

Il n'eut aucun sursaut, cependant, mais sans doute était-il simplement trop tendu pour. En revanche, ses yeux, qui depuis un instant ne cessaient de papilloner à cause du froid, s'écarquillèrent en fixant avec une terreur mêlée d'admiration l'objet si dangereux à ses yeux. Il n'avait jamais vu de véritable dague auparavant. Des couteaux, oui, beaucoup, et dans ses souvenirs se mêlaient étrangement couteaux suisses et argenterie aux bordures d'or. Mais de dague, ça, jamais. N'était-ce pas un outil fait pour tuer ? L'arme que l'assassin cache dans sa manche et ne sort qu'au dernier moment, avec la vivacité d'un cobra, pour en frapper le dos de sa victime ? On pouvait alors facilement expliquer sa crainte à voir apparaître un tel objet ...

Bien innocente, pourtant, la raison de son apparition, comme il put le constater. Il fixa, plein d'une admiration croissante, la besogne de Mélancthe, effectuée avec une dextérité et une rapidité qui ne manquaient pas d'étonner le jeune homme peu adroit de ses mains qu'il était. Pas un faux mouvement malgré l'absence de lumière, et en peu de temps Samahin se retrouva avec une paire de pantouffles presque neuve. Il ne tarda pas à les enfiler, car ses pieds commençaient à sentir un peu trop rudement la morsure du froid environnant et réclamaient vivement de quoi s'abriter. Ils lui allèrent étonnamment bien, quand on songeait au peu de moyen employés pour les retoucher ; à sentir ses orteilles s'adapter parfaitement à la forme de souliers bien plus agréables que les précédents, et profiter à nouveau d'un confort douillet, il se trouva le plus heureux des hommes.

"C'est parfait, merci beaucoup !" s'exclama-t-il, un sourire sincère et chaleureux aux lèvres.

Oubliées les précédentes inquiétudes, oublié le froid et l'inhabituelle douleur de la marche. Pour l'instant il était bien et il lui semblait qu'il aurait pu couvrir cent lieues sans s'arrêter. Etrange comme un détail, un simple réajustement de chaussures pouvait changer tant de choses, faire oublier toutes les autres désagréables sensations.

"Je suis prêt, je pense que ça ira. J'essaierai de ne plus trop vous ralentir ..."

Un petit sourire contrit, la timidité qui revient.

Samahin se leva, tangua de droite à gauche pour tester l'efficacité des chaussons, mais il ne semblait pas y avoir de problème. Il s'en sortirait, c'était sûr - du moins voulait-il le croire.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyDim 10 Fév - 22:44

Avant qu'on ne lui dérobe son cœur, les choses avaient été quelque peu différentes, croyait se souvenir Mélancthe même s'il était certain de n'avoir jamais été l'enfant mignon, radieux et câlin que bon nombre auraient sans doute préféré voir exhiber en guise de prince héritier. L'angelot blond aux joues roses dont on n'aurait douté qu'il était le fils de son père, dont on n'aurait jamais souhaité à mi-voix qu'il soit supplanté par un autre enfant plus tard venu.
Non, il n'avait pas été spontanément aimable et gracieux envers la plupart, mais il avait ressenti davantage à la vue de ceux qui l'entouraient que la distance froide et calculatrice qui avait régné depuis, et qui lui dictait maintenant de sourire et d'encourager Samahin alors qu'ils se relevaient. Parce même si ses intentions à l'égard du jeune androgyne n'avaient rien d'altruistes, il n'avait pas de désir particulier non plus de lui rendre sa compagnie inutilement déplaisante. Et tant qu'il serait heureux et rassuré, il resterait plus facile à manier et moins susceptible de se retourner contre lui...

Eprouvait-il du regret au souvenir de ces sentiments enfuis ? Difficile à dire. Et peu importait puisque pour le moment au moins, il prenait une route qui ne ferait que l'éloigner de cette part de lui-même, perdue aux mains de la sorcière qui pour l'heure régnait victorieuse sur Schwarzerd sans aucun droit d'héritage, de conquête ou de mérite.
Leur marche reprit dans le silence nocturne, assez rapide pour une paire d'heures encore puis plus paisible à mesure que l'approche de l'aube teintait d'autant de langueur ses mouvement qu'elle devait au contraire revigorer Samahin.

Ce matin-là Mélancthe décida de poursuivre au-delà des premières lueurs pourtant. Il avait prévu pour tous deux un bon refuge qu'ils auraient du atteindre juste alors que l'aube commençait à poindre franchement, mais l'inconfort de son compagnon à marcher dans des chaussures inadéquates et leur halte les avaient quelque peu retardés, et c'est dans une clarté dorée déjà bien inconfortable qu'ils atteignirent le haut d'une petite falaise, à laquelle se fondait presque invisible une maison abandonnée autrefois bâtie là au milieu de nulle part.
Il ne savait trop qui avaient été les premiers bâtisseurs, simplement qu'elle avait été abandonnée pendant assez longtemps, apparemment dite hantée peut-être à cause de quelques tours de fées, puis ré-occupée à nouveau. Cette fois-là, le "fantôme" ç'avait été lui par un hiver particulièrement long et rude, et la bâtisse était de nouveau déserte après le départ précipité des derniers survivants dès le printemps venu.

Du moins, il l'espérait. Il ne se sentait pas trop d'humeur à négocier l'hospitalité sous ce soleil qui lui brûlait les rétines, floutait sa vue et ne lui donnait qu'une envie... dormir. Poussant la porte et la refermant derrière eux deux, il trouva l'endroit comme espéré. Peut-être employé par quelques voyageurs de passage au vu des traces, mais personne présentement, ni récemment. Et en dehors de quelques animaux peut-être, personne qui avait eu l'intention de rester. L'endroit sentait le soleil, la poussière et les débris entrés par les quelques meurtrières sans vitres qui faisaient office de fenêtres, aux volets laissés ouverts ou brisés.

Il posa leur sac de nourriture supposément commune sur la grande table de bois presque brut entourée de bancs du même acabit qui occupait le centre de la salle basse dans laquelle ils avaient fait irruption.

- Je n'ai pas faim. Servez-vous, je tâcherai d'aller retrouver quelques provisions ce soir.

Bâillement épique.

- Je vais dormir en bas. Il y a une chambre sur la droite et d'autres à l'étage, mais je ne sais dans quel état vous en trouverez les lits. Ce devrait être plus commode que dehors tout de même. Tâchez de ne pas trop vous éloigner si vous sortez, et ne parlez de moi à personne.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyMar 19 Fév - 15:02

Marcher dans les bois pouvait tout compte fait s'avérer relativement agréable, même la nuit, même en inquiétante compagnie, lorsque les fragiles petons se trouvaient suffisamment abrités pour effectuer une longue marche sans trop se blesser. Le rembourrage n'était pas très épais, cependant, par rapport à ce dont Samahin avait l'habitude, et s'il était ainsi bien mieux protégé qu'auparavant et n'avait plus à souffrir les intrusions de graviers et bouts de bois, l'humidité parvenait toujours à percer ses défenses. Mais il tentait de ne pas trop s'en soucier, de prendre simplement plaisir à cette simple promenade, même s'il était évident que le rythme et le silence de leur marche impliquaient bien plus. Samahin suivait toujours, encore un peu empêtré dans ses jupons mais, comme il commençait à s'y habituer, de plus en plus à l'aise. Et bientôt, il réalisa qu'il avait beaucoup plus de facilités qu'auparavant ; son guide ne menaçait plus de le semer à chaque instant, et il parvenait même à détacher ses yeux du sol sans trop risquer de tomber sur un obstacle invisible dans les ténèbres - il pouvait se redresser, le nez en l'air, et humer avec délectation des odeurs qui jusque là semblaient s'être perdues dans les ombres de la nuit. Car la nuit, d'ailleurs, disparaissait peu à peu, et l'inquiétante sensation qu'il avait ressentie jusque là s'amenuisait de minutes en minutes.

Il n'aurait su dire s'il allait plus vite grâce au soutient que lui apportait la faible lueur du matin à travers les branches rendues ainsi bien moins grinçantes et tordues, ou si c'était devant lui qu'on ralentissait progressivement, pour quelques raisons inconnues. Néanmoins, l'homme ne laissait rien paraître - mais rien n'était sûr, et ses dons d'empathie étaient légèrement trop limités pour lui permettre de déceler la moindre gêne, même apparente, chez quelqu'un qui lui tournait le dos.

L'arrivée du soleil lui chauffa agréablement la peau, et il se sentit reprendre des couleurs, de même que le charmant paysage bucolique qui s'offrait à ses yeux. Il s'émerveillait de tout, redécouvrant la forêt, et même l'apparition soudaine d'une maison au milieu de nulle part ne l'étonna pas mais lui fit simplement songer que son guide devait décidément bien connaître le pays pour avoir retrouvé l'emplacement de cette petite bâtisse à travers des dédales de branches, de troncs et de buissons pour lui indéchiffrables. Il fut plus encore ébahi par l'intérieur de la demeure, qu'il s'attendait à trouver pourrie et gorgée d'humidité, mais dans laquelle semblait pourtant se trouver tout le confort nécessaire. Il observa un moment l'intérieur étonnant - pour lui - de cet abris forestier, avant de se décider à quitter le pas de la porte et à s'avancer enfin.

"Bonne ... euh ... sieste." fut tout ce qu'il trouva à dire quand l'homme le quitta pour aller chercher le repos à l'étage du dessous.

Samahin trouvait d'ailleurs cela incroyable qu'il y est plusieurs étages et que la maison soit au final si grande. Il faut dire qu'il ne savait pas vraiment juger, de l'extérieur, et puis c'était la première fois qu'il découvrait un tel logis. Il se demanda qui pouvait bien vivre ou avoir vécu là, et s'étonna que personne ne se soit trouvé là. Pour lui, une maison était un lieu habité en permanence, et l'idée même de point de passage n'existait pas dans son esprit. Après tout, il était habitué à plus grand : sa propre maison ... maison ? Château ? - le voilà qui se remettait à délirer. Pour ne pas se laisser trop aller à ces pensées déconstruites et qui lui faisaient définitivement mal à la tête, il fit comme son "hôte" l'y avait invité et, s'asseyant avec quelques difficultés sur un des larges bancs, il se mit en tête de manger.

Il avait faim - il était même affamé - mais, même malgré ce qu'on lui avait dit, il préférait ne pas trop se servir et laisser le plus possible de provisions. Il n'était pas habitué à gérer ce genre de consommation, et craignait de ne pas suffisamment économiser. Quand il estima avoir assez pris et que son corps lui-même l'autorisa à cesser de manger, il souleva sa jupe et, après de nouvelles difficultés pour se lever, partit s'installer près de ces étranges fenêtres dont il lui semblait avoir quelques vagues souvenirs - mais rien de précis. La lumière y passait suffisamment à son goût, et il pouvait même observer l'extérieur sans que trop de vent ne vienne le refroidir d'avantage qu'il ne l'était déjà. Il ne savait trop que faire, car malgré l'autorisation de l'homme il n'osait pas sortir, mais l'idée de rester ainsi désœuvré à l'intérieur ne l'enchantait pas plus. Il devrait peut-être dormir, lui aussi ... Mais il ressentait la même chose que plus tôt, dans la souche : il était absolument terrifié à l'idée de s'assoupir. Pourtant, alors même qu'il était en proie à ces pensées, le sommeil se saisit à nouveau de lui, comme un poisson caché sous l'onde calme qui surgirait brusquement pour gober un insecte inattentif et l'attirer vers les sombres profondeurs du lac. Il s'endormit à même le sol, la tête posée sur les bras, sa large robe étalée autour de lui en multiples replis, juste devant une des minces meurtrières.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyDim 2 Mar - 20:38

Un sommeil lourd s'était emparé de Mélancthe, à peine s'était-il trouvé dans l'ombre fraîche des caves creusées dans le sous-bassement rocheux de la demeure, et traîné jusqu'à un recoin qui faisait une couche passable et à l'abri des regards les moins vigilants. Au yeux de la plupart, il présentait pendant ces heures là toute l'apparence de la mort, et avait vite appris à se dissimuler de son mieux de crainte d'être traité en conséquence, ou pire encore si on le voyait ensuite de nouveau participer du monde des créatures vivantes et animées.

Rien ne vint le déranger, et il resta ainsi alors que les heures et l'arc céleste du soleil suivaient leur cours au-dessus de lui, jusqu'à l'approche du crépuscule qui le trouva ouvrant les yeux et s'étirant lentement, puis retrouvant peu à peu son agilité habituelle alors qu'il remontait les escaliers vers la salle commune où il avait laissé Samahin. A pas de loup, ne sachant ce qu'il y trouverait. S'il était sorti l'autre jeune homme avait pu ramener quelqu'un avec lui volontairement ou non, à moins que d'improbables autres voyageurs plus ou moins bien intentionnés n'aient fait halte ici également.

Personne.
Juste les pourpres et les violets du soleil mourant qui se déversaient par les étroites fenêtres sur les riches robes et la silhouette endormie de Samahin, assis sur le dallage et adossé au mur là où dans la journée avait du se déverser une flaque de clarté et de chaleur du dehors. Le jeune prince déchu s'approcha sans plus de bruit, admirant la pâleur d'une portion de gorge innocemment exposée.

Il avait... un peu... soif.
Et l'occasion semblait bonne pour en profiter, juste un peu, avant de s'aventurer au dehors comme il avait prévu de le faire, pour trouver davantage de provisions et peut-être des souliers plus solides pour son compagnon. Il s'agenouilla sur la lisière des amples jupes, une main allant se poser sur le mur derrière eux pour lui fournir appui alors que son visage se rapprochait du cou presqu'offert, tentateur, longs cheveux se mêlant presque de part et d'autre.
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MessageSujet: Re: L'hiver vient   L'hiver vient EmptyDim 9 Mar - 19:28

Il ne rêva pas, cette fois. Son sommeil fut sombre, continu, sans la moindre interruption, qu'elle vienne de l'extérieur ou de lui-même. Il aurait tout aussi bien pu avoir dormi quelques minutes que plusieurs jours, même le temps lui échappait ; il le constatait pour la seconde fois, se laisser aller dans les bras de Morphée équivalait, dans ce monde étrange, à tout abandonner, à se faire happer par une force supérieure, et le seul moyen d'y échapper était qu'elle-même se décide à relâcher sa proie.

Ainsi s'éveilla Samahin : presque par hasard, dans une grande inspiration, enfin libéré d'un joug étouffant dont il ne prenait conscience qu'après s'en être défait. Bizarrement, il sut tout de suite où il était, même si son esprit et sa vue encore embrumés ne lui permettaient pas de se fixer des repères sûrs. Il lui fallut néanmoins un temps pour prendre conscience de son corps et parvenir à entrouvrir les yeux, sans rien voir d'autre au départ que quelques formes floues dansant dans un brouillard sombre et indéfini. Quand enfin la précision revint à sa vision, il constata que la pièce était sombre, et que la nuit devait être tombée pendant qu'il dormait. À travers les longues mèches folles éparpillées devant son visage, il distinguait la meurtrière devant laquelle il s'était endormi, et de là apercevait le jour mourir lentement, ses dernières lueurs colorées s'accrochant encore faiblement aux feuillages frissonnants.

Samahin laissa un imperceptible soupir s'échapper de ses lèvres. Malgré l'inconfort de sa position, il avait bien dormi lui semblait-il, et ne gardait que peu de courbatures de la nuit précédente. Il était même prêt à repartir pour une marche qui s'annonçait de nouveau longue et l'idée de retourner dans le froid ne lui répugnait pas autant qu'il l'aurait cru. Il se lèverait quand les dernières brumes de sommeil se seraient dissipées, ce qu'il tentait de provoquer en battant énergiquement des paupières.

Soudain, il y eut quelqu'un. Du moins, il sentit nettement une présence dans la pièce, et même toute proche ; il en avait très vaguement conscience jusque là, mais cette sensation ne se révélait entièrement que maintenant, à présent qu'il y songeait. Ce n'était qu'une impression, cependant, et pour la vérifier, il redressa doucement la tête, au départ afin d'apercevoir simplement l'ensemble du salon. Mais c'est une forme large et sombre qu'il découvrit, penchée au dessus de lui, et il ne put retenir un violent sursaut à cette vision inattendue. Ses yeux n'étaient pas encore parfaitement habitués à l'obscurité qui régnait partout, et il les écarquilla, choqué, devant cette apparition qu'il ne parvenait pas à définir. Il perçut un bras, contre le mur, qui lui bloquait toute retraite, et ce visage si proche mais dont il ne distinguait pas les traits. La peur le prit. Instinctivement, il se recroquevilla sur lui-même, tout crispé, parcouru de frissons, de légers tremblements. Il ne pouvait pas bouger, et ne parvenait pas même à détacher son regard exorbité de la silhouette qui le dominait, imposante, sombre, terrifiante. Quand enfin il reconnut son guide en cet homme, il ne fut pas plus rassuré.

"Oh ! Euh ... Bonjour."

Quelques sons étaient parvenus à s'échapper de sa gorge nouée, sans grande signification d'autant que le jour venait de se terminer. Il tenta de garder contenance, étira ses lèvres en un faible sourire ; mais il s'était légèrement redressé et se reculait autant qu'il le pouvait, complètement collé au mur à présent, ne parvenant pas à retenir ses tremblements. Dans ces quelques mouvements désordonnés, l'échancrure de sa robe avait glissé légèrement et, sans qu'il n'en ait lui-même conscience, dévoilait en toute innocence un peu plus de la peau pâle de son cou et de sa gorge, presque jusqu'au bout de l'épaule. De la tentation qu'il pouvait offrir il n'avait absolument aucune idée ; il papillonnait des cils, les yeux écarquillés, inquiet.
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